Blog Saint Léon

Merci la Compagnie !

Une enquête fort instructive...
mardi 19 janvier 2016 par Marc ANDRE

Sitôt revenus du Centre Culturel André Malraux à Vandoeuvre où nous venons de découvrir la création Comment moi-je...?, plein de questions nous assaillent, auxquelles les comédiennes et le musicien n’ont malheureusement pas eu le temps de répondre, faute de temps. Décision est donc prise de leur écrire.

Nous nous engageons alors avec enthousiasme dans l’élaboration d’un long questionnaire que nous postons le 18 décembre 2015. Pratique internet !

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Un mois plus tard - le 18 janvier 2016 précisément - un grand mail de la Compagnie Tourneboulé nous parvient :

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Assurément, nos questions ne sont pas tombées dans l’oubli !
Merci à vous, la Compagnie, pour le vif intérêt porté à nos multiples interrogations.

Voici en intégralité les réponses qui nous sont parvenues :

Gaëlle : Pas mal de temps en effet ! Car au début des répétitions, on cherche les “idées” et on “teste” des propositions, c’est-à-dire un texte avec une façon de l’interpréter, et un ou plusieurs objets, et un endroit du décor où se jouerait cette situation (c’est réducteur mais c’est pour tenter de simplifier ce mystère de la création !!!) Et puis quand arrive une autre série de répétitions, on teste d’autres idées encore, et parfois les mêmes mais encore autrement... Donc : pendant les répétitions tout change et bouge un peu tout le temps jusqu’à trouver la justesse. Un peu comme on ferait varier des ingrédients dans une recette : on goûte, on risque, on ose, on rate, on recommence, on tente tout autre chose, on revient à l’idée de départ, ou une erreur se produit et nous donne, comme un cadeau, la bonne idée !!!!
Quand on a trouvé la bonne recette pour chaque moment de l’histoire à raconter, alors on répète pour tenter de ne jamais se tromper, de connaître tout par cœur dans nos têtes et nos corps.
Je ne me souviens plus combien de temps de répétitions il y a eu au total tout mis bout à bout... Au moins 8 semaines, je pense...

Justine : Ça m’a pris quelques semaines pour d’abord apprendre le texte par cœur, puis pour apprendre à manipuler Blanche. Je n’avais jamais fait de marionnettes avant ce spectacle ! Julien Aillet (qui a construit et fabriqué Blanche) m’a donné quelques heures précieuses de son temps pour apprivoiser Blanche ; ses conseils m’ont été très utiles ! Comment faire pour qu’elle bouge bien, pour que ses mouvements aient l’air naturels, pour que son regard soit bien orienté dans la bonne direction… Pas facile au début !
Sinon, je joue ce rôle depuis seulement quelques mois. Avant, c’était Amélie Roman qui jouait (elle a participé à la création du spectacle !) mais maintenant, nous nous répartissons le rôle à 2 car il y a énormément de représentations partout en France et une seule personne ne pourrait le faire seule.
Amélie m’a donc passé le flambeau en me transmettant les petits trucs, les petites choses techniques, les positions à avoir, les gestes à faire.
Du coup, j’ai repris ce rôle assez rapidement, avec une semaine de répétitions pour apprendre à jouer avec Jean Pierre et Rémy, et à bouger dans ce magnifique décor.
C’était très sportif pour moi car j’ai passé une semaine entière avec 8h au plateau par jour, et de manipulations de Blanche : j’avais très mal au poignet et à la voix à la fin de cette folle semaine !
Mais les conseils de Marie Levavasseur, la metteure en scène, m’ont beaucoup mise en confiance, et les premières représentations se sont très bien passées !

Gaëlle : Pour ma part, non, d’autant que ce gradin me permet de vous sentir avec nous et comme à chaque représentation vous êtes des nouveaux spectateurs... il n’y a pas de routine possible. Pas avec cette belle proximité ! Et puis c’est du spectacle vivant donc on reste en alerte, on redécouvre et surtout quand on tente d’être là dans l’instant présent avec vous et jouer tous ensemble cette histoire... c’est juste tellement bon... qu’on en redemande !

Justine : Non, ce spectacle est si dense et superbe ! C’est toujours un régal de pouvoir donner ça au public et puis chaque représentation est toujours différente. C’est ça qui est merveilleux dans le spectacle. Le public est différent, les comédiens, nous sommes différents, toujours. L’humeur, la forme physique, la concentration, tout ça change chaque jour ! Comme vous, les enfants quand vous êtes à l’école, vous n’êtes pas toujours les mêmes suivant les journées ! Alors, même si le texte et le déroulé de l’histoire restent les mêmes, il y a toujours des petites choses qui changent : une intention, une émotion parfois plus intense, un soupçon d’humour là où on n’avait jamais pensé…

C’était pour moi le grand défi ! J’ai beaucoup travaillé, et au début, ma voix se cassait souvent. Je ne la plaçais pas bien dans mon corps. Il y a toute une technique vocale, la même qu’ont les chanteurs d’opéra par exemple, pour apprendre à projeter sa voix sans se faire mal. Ce n’est pas encore gagné, mais je travaille…
J’ai aussi beaucoup écouté des enfants parler : quelles sont leurs intonations, leur façon de dire les choses, de réagir, pour m’inspirer pour Blanche. Marie me disait toujours de trouver une voix qui soit proche de moi, assez simple et naturelle… pas facile ! Mais j’ai compris ensuite qu’elle me demandait de ne pas jouer à « faire » l’enfant, mais à trouver l’enfant qui est en moi. Il ne fallait pas que je caricature une voix d’enfant, qui n’aurait pas été juste. C’est compliqué, il faut faire semblant, mais pour de vrai ! C’est ça le théâtre pour moi !

Rémi n’est pas le seul musicien de notre compagnie. Il y a Eric Recordier et Nicolas Poisson. Beaucoup de théâtres ont souhaité accueillir le spectacle Comment moi je cette année alors Eric est venu nous aider : parfois c’est Eric qui joue le rôle du musicien dans le spectacle. Quant à Nicolas Poisson, il sera musicien dans notre prochain spectacle Les Enfants c’est moi.

Margot : Blanche a un frère, il reste dans les loges, l’aide à s’échauffer et se concentrer. Il est prêt à intervenir et remplacer Blanche si elle se casse un bras.

Justine : Amélie a sa Blanche, et moi la mienne. Nous n’avons pas de double en coulisses, mais c’est vrai qu’il faudrait prendre une marionnette de rechange au cas où.

Amélie : Blanche a une belle petite sœur appelée Blanche elle aussi. Elle suit Justine sur toutes ses tournées. La plus vieille Blanche tourne avec Amélie. Elles ont également un frère qui adorerait jouer un jour dans le spectacle.

Amélie : Dans Ooorigines, le spectacle créé avant Comment moi je ?, Marie et Gaëlle, les deux créatrices de la Compagnie se sont interrogées sur les origines du monde et leurs propres origines. Avec le spectacle Ooorigines, elles ont commencé à philosopher. Elles ont eu envie de continuer avec un nouveau spectacle qui s’adresserait à des enfants à partir de 5 ans (âge où l’on se commence à se poser des questions), Marie la metteuse en scène ne voulait pas un spectacle sur la philosophie mais sur l’histoire d’une petite fille qui se poserait des questions sur elle même, sur comment grandir sans parent.

Nous l’espérons beaucoup car nous avons passé un très bon moment à Vandœuvre !


Amélie : Le spectacle a mis environ trois ans à se construire, par petits bouts. Si on regroupe toutes les périodes de travail, ça représente 5 mois pour le rêver, l’imaginer, l’écrire, le jouer, le construire, le déconstruire, le répéter, l’essayer…
Au départ, on a imaginé plusieurs histoires pour s’amuser. Mais Marie avait dès le départ dans sa tête l’idée que cela commencerait par une naissance : celle d’une petite fille que l’on verrait grandir.

Ça change tout le temps ! Des théâtres nous accueillent et nous prêtent des salles pour travailler.

Il y a 2 directrices artistiques, 4 personnes dans nos bureaux et sur chaque spectacle, nous travaillons avec environ 10 personnes. Nous avons actuellement 2 spectacles en tournée + 2 spectacles en cours de création.


Gaëlle Moquay et Marie Levavasseur, les deux directrices artistiques

Non mais un jour peut-être…

Amélie : Lors des répétitions, nous avons testé avec Julien Aillet, le constructeur manipulateur de marionnettes plusieurs techniques et nous avons choisi : la manipulation d’objets, la marionnette corps sac (Jean-Pierre), la marionnette comme Blanche, la muppet (le loup)…
Pour le prochain spectacle Les Enfants c’est moi, toujours avec Julien nous essayons d’imaginer d’autres principes, d’autres techniques que nous espérons pouvoir un jour vous présenter.

Justine : Bien sûr, tout le temps. Chaque jour j’ai conscience de la chance que j’ai de pouvoir faire ce métier, que je considère comme une passion. Et puis quelle joie de jouer dans ce spectacle !

Amélie : Lors des répétitions, Julien a construit un essai de Blanche une première fois en quelques jours. Il nous l’a présenté et on l’a tout de suite aimé. On n’a plus jamais voulu la changer. Au printemps, Julien a réussi à en refaire une autre pour Justine.

Gaëlle : La marionnette de Jean-Pierre est faite à partir d’une vraie photo transférée sur du tissu. Il y a du rembourrage en coton et une pince à linge pour les mouvements de bouche.

Amélie : Julien l’a d’abord dessiné puis il l’a construit. Et Blanche est née.

Justine : Les rires du public sont pour nous une nourriture, ça nous encourage, nous donne de la force pour continuer, et oser de (petites) nouvelles choses, intentions…
On ne se déconcentre pas car on est « à fond » dans notre rôle, dans l’histoire. Ça arrive parfois que l’on soit déconcentré, mais plus par des petits accidents : un objet qui tombe mal, un fil qui reste coincé…
Je vais vous donner un scoop : une fois, le régisseur qui porte la lune à la fin du spectacle s’est complétement cassé la figure sur la scène, juste derrière Rémy, alors qu’il devait normalement regagner sa régie discrètement ! Il a fait tomber tous les petits instruments derrière Rémy, ça a fait un boucan pas possible, alors que le moment était très sensible, très poétique… Difficile de ne pas rire !! (d’ailleurs j’ai entendu Rémy et Jean Pierre rire derrière moi, mais moi je devais rester concentrée… c’était dur !)

Gaëlle  : C’est que comédien, c’est un métier ! Les répétitions servent aussi à répéter les scènes pour les connaître tellement bien que s’il se passe quelque chose d’imprévu, on est suffisamment à l’aise et disponible dans notre tête pour réagir... Et quand le public rit, on ressent de la joie car c’est si agréable de faire rire ! Mais on reste CONCENTRÉ (et ça s’apprend) car on fait les choses parfois pour que le spectateur rie et nous on rit “en dedans” !

Amélie : 5 mois de création dont deux mois pleins pour imaginer le décor, le penser le réaliser avec Alexandre Herman le constructeur et Dorothée Rugge la scénographe.

Justine : On a beaucoup répété, et on connait tout par cœur ! Comme vous quand vous apprenez la danse du spectacle de fin d’année, ou votre poésie, c’est pareil !


Marie : Jean-Pierre me faisait penser à mon père Jean-Louis. Il est un peu philosophe et souvent un peu perché dans sa tête !
Pour Blanche, c’est en fait une histoire vraie qui est arrivée à un de mes amis.
Il avait choisi un autre prénom pour sa fille, mais le jour de sa naissance, il neigeait et avec son amie, ils ont décidé de changer de prénom et d’appeler leur petite fille Blanche.
Je trouvais cette histoire très jolie et je m’en suis inspirée pour écrire ce spectacle.

Justine : C’est du spectacle vivant, c’est très différent de la télé ou du cinéma, et donc pour être bien ensemble, synchronisés, on s’écoute beaucoup. Je ne vais pas dire ma réplique si mon partenaire n’a pas dit la sienne, je ne peux pas le couper. Rémy est aussi complètement à notre écoute, il joue en fonction du rythme du spectacle, des rires du public, de notre énergie. Tout est toujours en construction, bien que nous sachions tout faire par cœur. C’est ça, la magie du spectacle, c’est cette solidité, mais aussi cette fragilité.

Gaëlle : Le spectacle a eu la chance de se construire sur une longue période par petits temps de répétitions. Il est ancré en nous et les nombreuses répétitions ont permis de solidifier les manipulations et déplacements... Aujourd’hui, le spectacle a déjà été joué plus de 200 fois !


Marie : Toute la scénographie est construite autour de l’idée du fil : des fils qui nous construisent, des fils qui font des nœuds dans notre tête quand on se pose trop de questions ou qu’on ne trouve pas toujours la réponse, du fil de notre vie qui se déroule… Nous avons donc eu l’idée que l’arbre évoque une énorme bobine de fil… qui sert à dérouler le fil de notre histoire, le fil rouge du spectacle…

Justine : Pour moi oui, je débarque dans la compagnie, je ne connaissais personne il y a encore quelques mois, j’ai passé une audition pour doubler le rôle de Blanche.

Marie : Oui. J’aime réunir en fonction des projets des personnes différentes qui sont au plus proche de l’énergie du spectacle que j’ai imaginé dans ma tête. C’est à chaque fois comme une grande famille qui se retrouve pour rêver, construire et jouer le spectacle. J’aime cette idée de troupe.

Justine  : Pas du tout ! Je voulais être dessinatrice à Walt Disney ou top model ! Et j’étais plutôt réservée quand j’étais petite. Mais j’ai toujours aimé le monde artistique, je dessinais beaucoup, je jouais de la musique, j’écrivais… Il fallait que je m’exprime, et ça, ça n’a pas changé !

Marie : Non… Je n’avais jamais imaginé que je travaillerais dans le théâtre, que j’écrirais et mettrais en scène des spectacles… C’est la magie de la vie ! Mais je crois en même temps qu’il n’y a pas de hasard, et que si on met toute son énergie, sa détermination et son cœur dans ce qu’on aime faire, on peut réussir à en vivre et en faire son métier.


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